Ces derniers temps, Jules ne dormait pratiquement plus. Entre son boulot dit normal, et ce qu’il faisait à côté la nuit, il n’arrivait plus à trouver le temps pour véritablement se reposer. Et pourtant, par le passé, il le trouvait. Sauf que là… La situation s’était bien compliquée, avec cette nouvelle drogue qui circulait, et qui était beaucoup trop dangereuse pour le bien de tout le monde. Autant pour les humains qu’il protégeait que pour les créatures qu’il chassait. Le jeune homme essayait tant bien que mal de démembrer ce réseau, de mener son enquête pour arrêter tout ça, mais la ville de New York était tellement grande que ça relevait de l’impossible. A chaque fois qu’il avait l’impression d’approcher du but, on l’envoyait ailleurs, et il se retrouvait à la case départ. Il comprenait parfaitement les flics qui galéraient à démanteler un réseau de trafiquants de drogue, c’était pratiquement impossible, et bien sûr qu’il fallait une équipe complète et plusieurs années pour arriver à un résultat vraiment concret. Lui qui était tout seul n’avait clairement aucune chance.

Et pourtant, il continuait. A croire qu’il était maso. Mais en réalité ce n’était pas vraiment ça. C’était surtout que c’était son boulot. Son destin, sa mission, comme le disait son père. Il n’avait pas le droit d’abandonner, ce n’était pas dans les valeurs de sa famille. Il devait persévérer jusqu’à en mourir, ce qui n’allait certainement pas tarder au vu des risques qu’il prenait avec ces conneries. Il était d’ailleurs actuellement dans la rue pour ça. Il se rendait dans un quartier qui craignait un peu –beaucoup- pour essayer d’explorer une nouvelle piste. Il allait bien finir par y arriver bordel ! Ou alors il finirait par y aller carrément à l’infiltration, quitte à risquer de se retrouver en taule. S’il réussissait à tout arrêter, un peu de prison ne lui ferait pas de mal. Ce n’était pas comme s’il ne tuait pas des monstres depuis toujours. Les tueurs en série ne lui faisaient clairement pas peur.

Se trouvant dans un quartier qui craignait donc, Jules restait méfiant sur les personnes qui l’approchaient. Alors forcément, quand ce gamin était venu vers lui, en lui balançant en plus carrément qu’il tuait des vampires, ses sourcils s’étaient froncés, et sa main s’était portée à sa ceinture, où il avait accroché sa machette, au cas où. C’était quoi son délire au juste ? Encore un gamin défoncé ? Pourtant il n’en avait pas l’air. A moins que la drogue qu’il consommait s’appelle mauvaise humeur innée. « Aucun groupe de ce genre n’existe. » Bon ok, c’était pas tout à fait vrai. Il existait une communauté de Chasseurs qui s’entraidaient de temps en temps, mais la majorité du temps, tout cela se faisait uniquement en famille. Les alliances étaient rares et ne se faisaient qu’en cas d’extrême urgence. Même si on pouvait considérer cette situation comme une urgence, Jules restait tout de même sur ses gardes. « La proposition est sympa, mais j’ai déjà tout ce qu’il me faut. » Et il n’était pas du genre à partir dans des délires d’alliances avec des sorciers ou quoique ce soit. Ces créatures devaient mourir, toutes, c’était pas la peine de se servir d’elles pour les tuer après, et c’était même dangereux. Sans parler que c’était complètement contre leur code d’honneur à tous.