New York était sacrément en bordel, pour changer. En fait, vu ce qu’il se passait ces derniers temps, Annalyne n’osait même plus sortir de chez elle. Encore moins quand elle avait appris que Simon, son employé, avait disparu. Sans parler de la petite Hela qui n’avait pas pointé le bout de son nez depuis bien deux semaines déjà. Elle aussi devait certainement se trouver entre les griffes de Valentin. En somme, plus personne n’était en sécurité, et la blonde n’était même pas en sécurité dans son propre bar, alors qu’elle y avait elle-même posée des barrières. Malheureusement, elle ne pouvait pas en bannir les Shadowhunters, qui étaient aussi ses clients, et du coup… Ben des Membres du Cercle pouvaient se pointer, même si en général ils ne le faisaient pas. Mais ça ne les empêchait pas de rôder. Ça ne les empêchait pas non plus d’être de plus en plus nombreux, vu que ce cher Valentin était en possession de la Coupe Mortelle. Quel bordel, sans déconner. Anna mettrait bien les voiles pour se terrer dans sa maison en Islande, mais… Elle ne pouvait pas faire ça. Elle l’avait déjà fait une fois, et visiblement, ça n’avait pas été très utile, vu que l’Enclave n’était pas capable de faire son putain de boulot. Et c’était les Créatures Obscures qui en payaient le prix, malheureusement. Donc c’était à eux de régler le problème. Une fois de plus.

Ce n’était pas pour autant qu’ils avaient la solution innée, bien au contraire. En fait, même après 150 ans dans les dents, la sorcière ne savait pas comment s’y prendre pour neutraliser le Cercle. Et pourtant, elle planchait dessus depuis des jours. Dans le secret, parce qu’elle ne voulait pas entraînée son apprenti là-dedans, mais aussi parce qu’elle ne voulait pas inquiéter sa plus vieille amie, Wendy, qui risquait de l’emmener de force à l’autre bout de la planète si elle la voyait prendre autant de risques. Alors à chaque fois, elle attendait. Elle attendait d’être seule chez elle, que son apprenti s’en aille, d’être certaine de ne pas recevoir de visite surprise, pour se terrer dans sa pièce aux souvenirs. C’était là qu’elle rangeait tous ses éléments, parce qu’elle était certaine que personne ne viendrait y mettre les pieds en espérant tomber sur ce genre de choses. Après tout, c’était juste une immense pièce remplie de trucs vieillots qu’elle gardait en souvenir de ses anciennes vies, qui pourrait penser y trouver quelque chose d’intéressant là-dedans ? Enfin, ça devait bien faire… Quoi ? Cinq minutes à tout cassé qu’elle était plongée dans ses recherches ? Ouais, vraiment pas beaucoup, c’est le cas de le dire. Mais la sonnette venait de retentir dans l’appartement vide et… Il fallait bien qu’elle aille ouvrir. Surtout que c’était peut-être une bonne nouvelle. Ou quelque chose d’important. Ou quelqu’un qui venait la tuer. Dans le doute, mieux valait vérifier.

Annalyne se leva donc de son siège, parcourant le loft pour atteindre la porte d’entrée, et prête à toute éventualité, comme toujours. Autant dire qu’elle fut assez surprise en ouvrant la porte, parce que la seule éventualité qu’elle n’avait pas prévue se trouvait actuellement devant elle. « Bellamy ? » Le jeune loup, qu’elle avait connue quelques années plus tôt, dans une tout autre ville que celle-ci. Même si la sorcière adorait New York et que ça restait son chez soi, elle aimait aussi énormément voyager, et se retrouver dans d’autres villes tout aussi intéressantes, comme San Francisco. Enfin, elle était quand même contente de le voir, et soulagée, d’une certaine façon, qu’il soit encore en vie avec tout ce qu’il se passait. Et elle ne s’était pas gênée d’échanger une étreinte avec lui, pour lui dire bonjour. « Qu’est-ce que tu fais à New York ? » La question s’imposait. Après tout, ce n’était pas comme si cette ville était devenue l’endroit le plus dangereux pour les Créatures Obscures actuellement. En ce moment, la plupart de leurs confrères fuyaient à l’autre bout du pays, voir même à l’autre bout du monde. Ils ne venaient certainement pas s’installer ici, pas même rendre visite à un proche tellement ça s’apparentait au suicide. Mais bon, Anna connaissait Bellamy, elle savait qu’ils se ressemblaient tous les deux, sur certains points, et qu’il ne s’était certainement pas déplacé ici pour rien. Elle se doutait aussi qu’elle n’allait pas tarder à avoir des réponses à toutes les questions qui lui vrillaient actuellement le cerveau.

Annalyne ne voyageant pas beaucoup, il y avait des gens qu’elle voyait plus régulièrement que d’autres. Et certains, elle pouvait ne pas les croiser pendant des années entières. Bellamy faisait partie de ces personnes-là. Enfin du moins, jusqu’à cet instant. La dernière fois qu’ils s’étaient croisés remontaient à plusieurs années en arrière. Bien sûr, ils avaient gardé contact. Vive l’évolution de la technologie des Terrestres, d’ailleurs ! C’était bien la seule chose dans laquelle ils étaient doués, mais bon. La blonde ne va pas commencer à épiloguer là-dessus, surtout que dans le fond, elle les aime bien, les petits Terrestres. Elle les trouve surtout très chanceux, en fait. Parfois, elle aimerait pouvoir être à leur place, et ignorer tout ce qui était en train de se passer actuellement, n’avoir aucune idée de qui pouvait bien être Valentin, et ne pas se retrouver avec une épée de Damoclès sur la tête. Heureusement qu’elle n’était pas du genre à fuir d’ailleurs, parce que sinon, la sorcière n’aurait certainement plus de vie à l’heure actuelle. Mais ce n’était pas une chose qu’elle voulait, parce que se cacher, c’était comme donner la Coupe Mortelle à Valentin alors qu’il était venu la demander gentiment. C’était lui mâcher le travail, et lui donner ce qu’il voulait sans se battre. Pas question de faire ça, c’est compris ?

La jeune sorcière ne s’attendait tout de même pas à recevoir la visite de Bellamy, mais elle en était contente. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas vu, et voir des visages familiers en ce temps de trouble était quelque chose de rassurant. Surtout qu’elle pouvait s’assurer en personne qu’il allait bien. Enfin, c’était ce qu’elle croyait, avant qu’elle ne le sente se raidir lorsqu’elle était venue l’étreindre. Anna l’avait d’ailleurs tout de suite lâchée, les sourcils froncés, avant de s’éloigner un peu. « Qu’est-ce qui t’arrive ? T’es blessé ? » L’inquiétude se faisait voir dans son regard. Et un léger sourire effleura ses lèvres alors qu’un compliment sortait de celles du jeune loup. Décidément, il ne changerait jamais. « Et toi tu es toujours aussi charmeur ! » Après une dernière étreinte où elle prit garde de ne pas serrer trop fort, la jeune sorcière ferma alors la porte de son appartement, invitant Bellamy à entrer un peu plus dans son habitation d’un geste de la main. L’endroit était grand, mais il ne fallait que quelques pas pour arriver au niveau du canapé. Une disposition que la jolie blonde avait pris grand soin à choisir elle-même.

Elle l’avait alors suivit, prête à l’inviter à s’asseoir sur l’un des fauteuils de la pièce, ou même à s’allonger sur le canapé, s’il avait besoin d’être soigné. Mais elle eut à peine le temps d’ouvrir la bouche que son ami reprenait déjà la parole. Encore pour des petites flatteries, qu’Annalyne appréciait toujours autant venant de sa part. Une sourire sur les lèvres, elle tendit alors l’une de ses mains pour saisir le bijou, dont elle sentait déjà une certaine énergie qui en émanait. « Tu n’aurais pas dû… Je te remercie. Il est magnifique. » L’observant encore quelques secondes, elle avait alors commencé à l’ouvrir pour le laisser pendre autour de son cou. Bellamy avait déjà repris la parole, et c’est avec grande attention qu’elle l’écoutait à nouveau. Avant de se raidir comme un piquet. Ils n’en auraient décidément jamais finis avec ce foutu Cercle. « Ils s’en sont pris à toi aussi ? Je pensais que le fait que tu te trouves loin de New York te garderais en sécurité… » Après tout, l’activité principale du Cercle se déroulait ici, dans cette ville. Rares étaient les attaques qui se produisaient plus loin, en fait. Cette information inquiétait Anna au plus haut point. Ça lui permettait de se rendre compte qu’au final, ils n’étaient en sécurités nulle part tant que Valentin était encore en vie…